La crise du graphite (1)
Nous avons publié dans notre avant-dernier numéro un avis émanant du Consulat américain interdisant, sauf autorisation spéciale du gouvernement des États-Unis, l’exportation à destination de ce pays de nombreux articles, entre autres : le graphite.
Cette publication a fortement ému tous ceux qui sont de près ou de loin intéressés à la situation de l’industrie des graphites de Madagascar, c’est-à-dire la plus grande partie de nos commerçants et colons. Ils avaient compté sur le débouché américain pour remédier à la situation actuelle : ils voient s’envoler leur dernière espérance.
Il est bon de rechercher à qui nous devons ce déplorable résultat.
Depuis la rentrée des Américains aux côtés des alliés, le Gouvernement des États-Unis n’a cessé de demander au Gouvernement français l’ouverture libre du marché américain aux graphites de Madagascar dans la mesure des disponibilités laissées par les besoins de la Défense Nationale. Il ne demandait en somme – ce qui était de la plus élémentaire équité – qu’à être traité sur le même pied que nos alliés anglais.
Ce n’est qu’au mois de décembre 1917 que notre ministre des Affaires Étrangères avisait son collègue américain qu’il ne voyait aucun inconvénient à l’exportation directe des graphites de Madagascar sur les États-Unis.
Pourquoi ce retard à donner satisfaction à nos nouveaux alliés ? On pourrait peut-être en demander l’explication au fameux « consortium », lequel, ne voyant que l’intérêt personnel et immédiat de ses membres, a pu faire adopter son point de vue par le ministre, lequel a cru – peut-être de bonne foi – avoir affaire aux représentants autorisés de tous les producteurs de graphite.
Cette Association a, par ses agissements coupables, et aveuglée par l’appât des gros bénéfices immédiats, compromis peut-être irrémédiablement l’industrie des graphites de Madagascar et tari la principale source de richesse de la Colonie.
(À suivre.)
Un Graphiteux.
Le Tamatave
Les commentaires sont fermées.