Inflation à Madagascar : les causes et solutions

L’Etat a des rôles régaliens comme la défense, l’instauration du maintien de l’ordre… Il doit s’assurer de la bonne forme du climat d’affaires. Dans le même temps, l’Etat par le biais du gouvernement cherche à combattre le chômage, à juguler la baisse du pouvoir d’achat et à augmenter le produit national. Lorsqu’on parle du pouvoir d’achat, il faut parler de l’inflation. Quelles en sont les causes et les solutions ?

Causes
Les causes de l’inflation galopante à Madagascar sont nombreuses comme la création du MID, la dépréciation de la monnaie nationale malgache, la dévaluation successive de l’Ariary, la hausse du prix du carburant, la hausse du prix des matières premières locales telles que le riz,… On peut aussi citer les défaillances liées à l’insécurité, la croissance économique.
Les dirigeants successifs du pays ont déjà proposé des solutions pour combattre le mal économique durant leur mandat respectif : l’Arema a son époque a proposé l’importation des PPN, le Tim avec la détaxation, le TGV pour la subvention du prix du carburant, le HVM et la pression sur les grossistes.

Solutions pour combattre cette inflation galopante à Madagascar

– Le contrôle des prix

Dans les pays avancés, il appartient à la banque centrale de maintenir le niveau général du prix pour garder la stabilité. Le niveau général est la confrontation entre l’offre et la demande. Ce mécanisme est impossible dans le cas de Madagascar en raison de différent aléas tels que les crises politiques ou les catastrophes naturelles.

De plus, la croissance démographique provoque une hausse continue de la demande face à l’offre, ce qui fait grimper les prix des produits et génère une spirale inflationniste, en particulier en période de fêtes : lorsque la demande augmente, les produits deviennent rares et les prix augmentent.

– Inonder le marché par des produits de première nécessité

Quand l’offre excède la demande, les prix diminuent. Pour ce faire, Madagascar doit produire localement ses besoins ou même exporter les produits finis. Il faut ainsi que Madagascar produise davantage pour arriver à une situation de surproduction et importer beaucoup.

Son inconvénient, c’est la « spirale déflationniste » : l’offre est supérieure par rapport à la demande. L’acheteur a tendance à repousser leurs achats à plus tard. Ceci peut entraîner à son tour une déflation auto-entretenue et une asphyxie de l’économie.

– Augmenter le taux directeur par la Banque centrale

La Banque centrale peut augmenter son taux directeur pour augmenter le taux d’intérêts des banques primaires avec l’objectif d’inciter les gens à épargner et donc de réduire la masse monétaire en circulation pour diminuer l’inflation.

L’inconvénient est que cela empêche un pays comme Madagascar de ralentir les activités économiques et de relancer l’économie car les gens préfèrent épargner au lieu d’investir : il n’y a pas de création de nouveaux emplois, d’où une hausse du taux de chômage.

Solutions en faveur d’une politique structurelle pour réduire l’inflation à Madagascar

– Avoir des réserves en pétroles pour maintenir le prix du brut à l’intérieur du territoire

– Fixer les prix en fonction du prix du kilo riz

– A Madagascar, le riz étant l’aliment de base, il serait opportun de fixer les prix en fonction du prix du kilo de riz. L’Etat doit faire de l’agriculture son secteur clé. De ce fait, allouer 10% à 20% du budget annuel pour l’agriculture afin de subvenir les riziculteurs locaux en matière d’engrais, de machines et des carburants des machines. En d’autres termes, l’utilisation de méthodes culturales traditionnelles à faible rendement doit laisser place à la modernisation de l’agriculture et la mécanisation agricole. La réhabilitation ou construction d’infrastructures routières pour sortir les récoltes des zones enclavées doit aussi été envisagée.

– Comment fixer les prix par le prix du kilo de riz ?

– Il s’agit de faire en sorte que l’importation en riz soit faible en augmentant la production rizicole. Cela passe par l’augmentation des surfaces cultivables (lutte contre la désertification, réhabilitation des terres arides et conservation et gestion en ressource en eau) l’utilisation des techniques de culture modernes. On notera par exemple le système SRI : Système de Riziculture Intensive, l’amélioration des outils agricoles (utilisation des tracteurs par exemple), les recherches approfondies sur terrain et dans les laboratoires d’études. Lorsque la production locale arrivera à satisfaire la demande locale, il est sûr et certain que le prix du riz baissera, de même que l’inflation.

– Désenclaver les zones potentielles de culture de riz et augmenter notre production de riz

– L’achat des machines agricoles pour transformer le paddy et sensibiliser les agriculteurs à laisser de côté les techniques traditionnelles aux dépens de techniques modernes pour plus de rendement en termes de récoltes de riz. Le but est simple : la surproduction du riz et l’arrêt d’importation de riz de l’étranger (Chine, Pakistan, Inde,…).

– Utiliser les réserves en brut, importons du brut à l’étranger et utiliser en plus l’éthanol

Pour satisfaire la demande locale en matière d’énergie, comme dans d’autres pays, le pays peut produire de l’éthanol pour la combiner avec le brut. Faire adapter les moteurs des véhicules avec l’éthanol. Tout cela dans l’unique fin de réduire le prix de carburant et donc de réduire l’inflation locale.

Détaxer le brut importé

– Détaxer veut dire écarter la Taxe sur la Valeur Ajoutée. Pour contrebalancer, dans le but d’éviter un risque de fossé en matière de recettes fiscales, il faudrait augmenter les autres taxes.

Pratiquer le prix offert de marché sur le marché local pour réduire le taux d’inflation constitue également une option, mais cela constitue une politique risquée car les recettes fiscales peuvent avoir un trou noir.

Augmenter les exportations, promouvoir la bonne gestion des Ressources minières et prioriser le tourisme

– L’exportation peut faire pencher la balance commerciale vers le sens positif et amène de la valeur ajoutée comme les devises (euro et dollar).
Promouvoir la concurrence interentreprises ou inter-état

– Pour stimuler la production, il faudra promouvoir la concurrence et améliorer l’environnement des affaires. La concurrence permet de maintenir les prix à des niveaux non préjudiciables pour l’économie. C’est le cas des pays regroupés dans une communauté.

Avoir des réserves d’or suffisantes dans la Banque centrale

– Injecter des devises sur le MID

– Supprimer le MID ou abandonner le flottement de la monnaie

– Fixer le taux de change par rapport au panier de devise

Hausse des impôts

– Le but est le tarissement des ressources qui alimentent la demande. C’est une mesure impopulaire car les dépenses des ménages s’élèvent.

Réduction des salaires

– Le but est le tarissement des ressources qui alimentent la demande. C’est une mesure impopulaire car les salariés auront moins d’argent et son pouvoir d’achat est en diminution.

Hausse du taux de crédit

– Le but est le tarissement des ressources qui alimentent la demande. C’est défavorable pour la relance économique car les gens préfèrent épargner au lieu de dépenser ou d’investir.

Contrôle des prix et des salaires

– Un contrôle des prix et des salaires a plus de chance de fonctionner s’il est accepté par la société, en particulier les syndicats, mais il comporte de toute façon des aspects impopulaires.

– Un prix maximum trop bas fait fuir les producteurs et raréfie la marchandise visée ; les producteurs se dirigent vers d’autres productions non taxées, ou d’autres clientèles au marché noir ou sur le marché étranger ; et ce, alors que le prix bas augmente la demande. Il en résulte, paradoxalement, une forte pression inflationniste.

Andriatahina Rakotoarisoa (économiste)

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